Ceci est un appel du Dr Harouna Kaboré, ancien ministre burkinabè du commerce et de l’industrie, sur la situation qui sévit au Mali, pays membre de la Confédération des Etats du Sahel.
ET POURTANT, IL FAUT AIDER LE MALI !
Le Mali vit un moment de vérité. Un moment où le silence ou l’inaction de ses frères africains pourrait être interprété comme une abdication collective. Les terroristes ont engagé une stratégie d’étouffement économique implacable : en s’attaquant aux convois de citernes transportant le carburant, ils visent le cœur battant de l’économie malienne. Sans énergie, pas de transport, pas de production, pas de vie quotidienne possible. L’objectif est clair : asphyxier Bamako et tout le pays, isoler le Mali pour précipiter son effondrement.
Ce blocus économique, ajouté à la pression sécuritaire et à l’instabilité politique, fait du Mali un pays au bord de la suffocation. Et pourtant, la résilience du peuple malien demeure admirable. Mais la résilience seule ne suffira pas face à une stratégie de terreur et d’isolement aussi calculée.
Ne pas confondre régime et nation
Certains, en Afrique et ailleurs, hésitent : faut-il venir en aide à un pays qui revendique sa souveraineté, qui refuse les ingérences et n’a pas explicitement demandé de l’aide ? Faut-il attendre qu’il tende la main ?
Cette question, en réalité, n’a pas lieu d’être. Aider le Mali, ce n’est pas aider un régime. Ce n’est pas soutenir un pouvoir politique ou cautionner une orientation diplomatique. Aider le Mali, c’est soutenir un peuple, une nation, une terre sœur. C’est défendre une idée — celle que nos destins africains sont liés, que les frontières ne peuvent être des murs d’indifférence quand le feu embrase la maison du voisin.
Un test pour la solidarité africaine
Le Mali est aujourd’hui le miroir de nos fragilités collectives. Ce qui s’y joue dépasse le cadre malien : c’est la survie de l’État africain face à l’hydre terroriste, la cohésion régionale face à la fragmentation, la dignité de nos peuples face à la pauvreté organisée.
Si le Mali tombe, si les terroristes y imposent leur loi, alors c’est tout le Sahel, toute l’Afrique de l’Ouest qui en paiera le prix. Car les frontières n’arrêtent ni la peur, ni la faim, ni la haine. Laisser le Mali seul, c’est accepter par avance que d’autres pays subissent le même sort demain.
Aider le Mali, c’est protéger toute la région. C’est anticiper la contagion de l’instabilité. C’est, en vérité, un acte de souveraineté collective.
L’Afrique doit inventer sa solidarité stratégique
Il ne s’agit pas seulement d’envoyer des convois humanitaires ou de lancer des appels diplomatiques. Il s’agit de bâtir une solidarité stratégique africaine — une solidarité économique, logistique, sécuritaire et symbolique.
La CEDEAO, l’Union Africaine, les États voisins doivent unir leurs efforts pour garantir au Mali un minimum vital : le carburant, les denrées essentielles, l’accès aux corridors commerciaux, la coopération en matière de renseignement et de sécurité.
C’est ainsi que se construit une Afrique forte : par l’entraide, pas par l’exclusion. Par la compréhension mutuelle, pas par les sanctions. Par la fraternité active, pas par la distance diplomatique.
Aider le Mali, c’est se protéger soi-même
Oui, le Mali revendique sa souveraineté, et il en a le droit. Mais la souveraineté ne signifie pas l’isolement. Elle signifie la capacité de choisir ses partenaires, pas d’affronter seul le chaos.
Aider le Mali, c’est aider l’Afrique à rester debout. C’est protéger la stabilité régionale, la dignité des peuples, et la promesse d’un avenir partagé.
Le Mali, cœur du Sahel, doit battre pour tous.
Et l’Afrique doit se souvenir qu’aucun de ses membres ne peut respirer librement quand l’un d’eux étouffe.
Dr Harouna Kaboré
Espoir info


