Une profonde émotion secoue la Gambie après le décès tragique d’un nourrisson, victime d’une hémorragie consécutive à une excision. La fillette, âgée de moins d’un mois, n’a pas survécu à la mutilation, relançant le débat national sur une pratique pourtant interdite depuis 2015.
Le drame s’est déroulé dans la commune de Wellingara, en périphérie de Banjul. Conduite en urgence à l’hôpital par ses proches, l’enfant a été déclarée morte à son arrivée. Le 10 août 2025, la police a annoncé sur sa page Facebook l’ouverture d’une enquête et l’arrestation de deux femmes suspectées d’avoir participé à cette mutilation.
Bien que criminalisées depuis une décennie, les mutilations génitales féminines (MGF) restent pratiquées dans le pays, y compris dans les zones urbaines. L’an dernier, le sujet avait déjà ravivé les tensions au Parlement, où certains députés avaient tenté d’abroger l’interdiction.
Les organisations de défense des droits humains et les survivantes de cette pratique se battent pour empêcher tout recul. Aujourd’hui, ces associations saluent la réaction des autorités, soulignant que de nombreux cas similaires ne sont jamais révélés. Le signalement de cette affaire par les professionnels de santé et les forces de l’ordre est perçu comme un progrès significatif.
Selon ces ONG, de plus en plus de familles font exciser leurs filles dès les premiers jours de vie, croyant que cela facilitera la cicatrisation et échappera à l’attention des autorités.
Une tragédie qui doit marquer un tournant
Fatou Baldeh, militante gambienne et fondatrice de l’organisation Women in Liberation and Leadership (WILL), elle-même survivante, dénonce cette situation : « Nous connaissions des cas, mais jamais un décès aussi jeune. Le fait que la police en parle publiquement est une avancée importante. Avant, lorsqu’on signalait des MGF, les commissariats refusaient souvent d’intervenir. »
Elle ajoute : « J’ai été excisée à l’âge de huit ans. Aujourd’hui, des bébés d’à peine une semaine sont mutilés. Certains pensent qu’en procédant tôt, la guérison est plus rapide et que cela passera inaperçu. Mais comme on le voit, c’est toujours dangereux. À tout âge. »
Pour Fatou Baldeh et les autres militantes, l’enjeu est désormais judiciaire. Elles appellent à une application stricte de la loi :
« Si les personnes arrêtées sont reconnues coupables, elles doivent recevoir la peine maximale. Ce bébé, et tant d’autres dont on ne connaît pas l’histoire, méritent justice. Le gouvernement a l’opportunité de montrer qu’il protège réellement les femmes et les filles de ce pays. »
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