La capitale burkinabè, Ouagadougou a abrité, les 11 et 12 septembre derniers, la première édition du Forum régional sur les défis et perspectives des finances publiques en Afrique francophone. Cette rencontre a été organisée par l’International Budget Partnership (IBP), en collaboration avec la Commission de l’UEMOA et le Centre pour la Gouvernance Démocratique (CGD).
Pendant deux jours, des représentants gouvernementaux, parlementaires, institutions supérieures de contrôle, organisations de la société civile et partenaires techniques et financiers se sont réunis pour réfléchir aux moyens d’améliorer la gestion des ressources publiques. L’événement avait pour objectif d’évaluer l’état de la réforme budgétaire en cours depuis l’adoption, en 2009, des directives de l’UEMOA sur l’harmonisation des finances publiques.

Le choix de la capitale burkinabè n’est pas anodin. Selon Djibril Badiane, Directeur des programmes pour l’Afrique francophone de l’IBP, Ouagadougou représente un symbole fort pour l’espace communautaire. Il rappelle que la ville abrite le siège de la Commission de l’UEMOA, institution qui a joué un rôle clé dans la mise en place des réformes budgétaires au sein des huit pays membres de l’union.
« Ce forum se veut une plateforme d’échanges et de propositions de solutions pour relever les grands défis auxquels font face nos États dans la gestion des finances publiques », a-t-il déclaré. Djibril Badiane a également souligné que cette première édition a réuni des participants venus non seulement des pays de l’UEMOA, mais aussi du Cameroun et de Madagascar, preuve de l’ambition d’élargir la réflexion au-delà de l’espace ouest-africain.

Plus de quinze ans après l’adoption des directives, les avancées varient d’un pays à l’autre. Djibril Badiane a salué les efforts de pays comme la Côte d’Ivoire, le Bénin et le Sénégal, qui se distinguent par leurs progrès en matière de transparence budgétaire, notamment grâce à l’adoption de lois sur l’accès à l’information. Au Burkina Faso, la participation citoyenne, encore faible en 2021, connaît une amélioration notable avec un score plus que doublé dans la dernière enquête sur le budget ouvert. Toutefois, dans plusieurs pays, le contrôle budgétaire et la diffusion des informations au public restent des défis majeurs.

Pour le président de la Cour des comptes du Burkina Faso, Latin Poda, ce forum est une opportunité essentielle pour les institutions chargées de veiller à la régularité de la gestion des fonds publics. Il a rappelé que la Cour produit chaque année des rapports détaillés sur l’exécution du budget, mais que ceux-ci ne sont pas suffisamment diffusés auprès des citoyens. « Les rapports sont faits et contiennent de bonnes recommandations, mais le véritable défi reste leur vulgarisation et leur appropriation par le public », a-t-il expliqué, précisant que le rapport sur l’exécution du budget 2024 est déjà prêt et sera prochainement transmis à l’Assemblée nationale pour le vote de la loi de règlement.

Ce forum marque ainsi une étape importante vers l’élaboration d’une feuille de route commune destinée à accompagner les pays francophones dans l’atteinte des objectifs fixés par la réforme budgétaire.
Pour Djibril Badiane, l’UEMOA demeure un modèle d’intégration économique qui doit être consolidé, malgré les défis sécuritaires et politiques qui traversent la région. Il espère que cette initiative, qui sera dupliquée dans d’autres pays, contribuera à bâtir des systèmes financiers plus performants et à mieux répondre aux besoins des populations.
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