Au Burkina Faso, où les sols sont de plus en plus pauvres et les pluies incertaines, les paysans ont trouvé une solution simple mais efficace pour redonner vie à leurs champs : le compost organique naturel. Fabriqué à partir de résidus de récoltes, de fumier et de cendres, il devient aujourd’hui un allié incontournable pour améliorer les rendements agricoles, en particulier dans les zones sahéliennes.
Le compost est produit à partir de matériaux disponibles dans chaque concession : pailles de mil et de sorgho, tiges de coton, feuilles mortes, fumier de bétail et même des cendres de bois. Le principe est simple : on empile ces matières en couches successives dans une fosse ou en tas, en les humidifiant régulièrement et en les retournant toutes les deux à trois semaines. En quelques mois, elles se transforment en une terre noire, friable et sans odeur. C’est le compost mûr.

Une pratique ancestrale, mais modernisée
Cette technique n’est pas nouvelle, mais elle a gagné en efficacité grâce aux conseils des agronomes et aux expériences paysannes. Dans les villages, on parle souvent du compost comme de « l’or brun », car il régénère les sols fatigués et redonne de la vigueur aux cultures. Contrairement aux engrais chimiques, souvent coûteux et parfois difficiles à trouver, le compost est accessible à tous les producteurs.
Mais comment l’utiliser ? Les paysans l’appliquent de différentes façons selon les cultures.
Dans les champs de mil ou de sorgho, il est enfoui dans les petits trous appelés zaï ou dans des demi-lunes creusées dans le sol pour retenir l’eau. Chaque fosse reçoit en moyenne une poignée de compost, soit environ 600 grammes. En maraîchage, le compost est utilisé comme lit de plantation ou paillage pour garder l’humidité.
En général, les doses recommandées varient de 2,5 à 5 tonnes par hectare. Même en petites quantités, les résultats se font sentir.

Des rendements doublés
Les études menées au Burkina montrent que l’association des techniques traditionnelles comme les cordons pierreux ou les zaï avec l’apport de compost peut multiplier par deux, parfois plus, les récoltes de mil ou de sorgho. Au-delà des rendements, le compost améliore la structure du sol, facilite l’infiltration de l’eau, limite l’érosion et attire la vie biologique (vers de terre, termites, micro-organismes) qui enrichit encore la terre.
Dans un contexte où l’insécurité empêche de cultiver certaines terres et où le changement climatique réduit les surfaces agricoles exploitables, le compost apparaît comme une solution durable et peu coûteuse. Il ne remplace pas totalement les engrais minéraux, mais il constitue une base solide pour une agriculture résiliente, capable de nourrir les familles et de protéger les sols pour les générations futures.
Utiliser le compost dans vos cultures, c’est restaurer les terres et garantir leur qualité pour plusieurs années…
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