Le Burkina Faso a franchi une étape majeure dans la construction de son indépendance en matière de défense et de sécurité avec le lancement officiel de l’Institut de l’Enseignement Militaire Supérieur (IEMS) Tiéfo Amoro. La cérémonie s’est tenue ce mardi matin à Ouagadougou sous la présidence du Premier ministre Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, en présence de plusieurs membres du gouvernement, de hauts gradés des Forces Armées Nationales et de partenaires stratégiques.
Dans son allocution, le Premier ministre a rappelé que l’idée de créer une école militaire nationale supérieure n’était pas nouvelle. Dès 2002, le pays avait organisé son premier cours d’État-major pour une trentaine d’officiers burkinabè, éveillant l’espoir de voir naître un tel établissement. Toutefois, ce projet n’avait pas été concrétisé à l’époque. « Le résultat de ce manque de vision a été sans appel : notre entrée dans une guerre qui n’a pas pu être anticipée », a regretté le chef du gouvernement.

Il a souligné que l’ouverture de l’Institut Tiéfo Amoro est l’aboutissement de la volonté du président du Faso, le capitaine Ibrahim Traoré, de rompre avec la dépendance vis-à-vis de l’extérieur pour la formation des cadres militaires. « Nous ne nous apitoyons pas sur notre sort. Sous son leadership, le rêve de voir s’ouvrir au Burkina Faso une école de formation de l’élite militaire est aujourd’hui une réalité », a-t-il déclaré.
Le nouvel institut se fixe pour mission de dispenser un enseignement militaire supérieur de premier et de second degré, tout en contribuant à la conception et à l’actualisation des doctrines militaires adaptées au contexte burkinabè et sahélien. Sa devise, « Penser la guerre, préparer la paix », illustre son ambition : former des officiers capables d’anticiper les menaces sécuritaires et de proposer des solutions innovantes pour bâtir un Burkina Faso stable et souverain.

Le colonel-major Céleste Joseph Moussa Coulibaly, commandant de l’Institut, a salué la forte mobilisation autour de cette inauguration qu’il a qualifiée de « moment mémorable pour notre armée et pour notre pays ». Il a rappelé que l’institut abritera trois entités principales : l’École de Guerre, le Cours d’État-major et le Centre de Doctrines. Selon lui, « il sera à la fois un lieu d’apprentissage, un creuset de la pensée militaire stratégique, un laboratoire d’innovation et un bastion de notre souveraineté sécuritaire et de défense ».
La cérémonie a également marqué la rentrée de la toute première promotion de l’École d’État-major, composée de 30 officiers stagiaires. Pendant cinq mois, ces officiers recevront une formation intensive pour acquérir des compétences en commandement, en planification opérationnelle, en gestion des ressources humaines et matérielles, ainsi qu’en leadership et en relations internationales. « Ce stage a pour objectif de préparer des officiers aptes à occuper des fonctions stratégiques en temps de paix, de crise ou de guerre », a précisé le colonel-major Coulibaly.

Le choix du nom Tiéfo Amoro pour l’Institut revêt une forte charge symbolique. Tiéfo Amoro fut un roi et un guerrier intrépide de la fin du XIXe siècle, connu pour son opposition résolue à la pénétration coloniale. « En inscrivant cet institut dans le prolongement de son héritage, nous rappelons à chaque génération que la défense de la Mère-Patrie est un devoir sacré », a affirmé le Premier ministre.

L’institut sera également ouvert aux cadres supérieurs d’autres corps de défense et de sécurité, ainsi qu’aux pays partenaires, en particulier ceux de l’Alliance des États du Sahel (AES). Cette dimension régionale vise à en faire un centre d’excellence capable de contribuer à la coopération sécuritaire sous-régionale.
En concluant son discours, le Premier ministre a réitéré l’engagement du gouvernement à faire de l’Institut Tiéfo Amoro une référence en Afrique. « Le gouvernement ne ménagera aucun effort pour faire de cet Institut une référence continentale », a-t-il assuré, avant de déclarer officiellement lancées les activités de l’établissement.

Le colonel-major Coulibaly, quant à lui, a appelé les stagiaires de la première promotion à se montrer exemplaires. « Vous êtes les pionniers. Soyez les dignes héritiers de Tiéfo Amoro et le fer de lance de notre engagement à bâtir une Nation souveraine, de paix et de justice », a-t-il exhorté.
Avec cette inauguration, le Burkina Faso se dote d’un outil stratégique pour préparer ses propres cadres militaires et renforcer sa capacité de réponse face aux défis sécuritaires. Ce lancement traduit la volonté d’un pays qui entend désormais penser et bâtir sa sécurité avec ses propres ressources et dans la dignité.
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