Les candidatures de Laurent Gbagbo et de Guillaume Soro à la prochaine présidentielle en Côte d’Ivoire ne passera pas par Arusha en Tanzanie. La Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) a rejeté, jeudi 26 juin 2025, leurs requêtes respectives.
La bataille judiciaire de Laurent Gbagbo et de Guillaume Soro pour retrouver leur place sur la scène électorale ivoirienne vient de prendre fin devant la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP).
Dans deux arrêts rendus le jeudi 26 juin 2025 à Arusha, en Tanzanie, siège de la juridiction, la Cour a rejeté les requêtes introduites par les deux hommes, confirmant leur exclusion de la présidentielle d’octobre 2025.
Dans le dossier de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo, la Cour a estimé que l’ancien président « n’a pas apporté la preuve qu’il a été victime d’un traitement inégalitaire devant la loi ou d’une protection inégale de celle-ci ». Elle note que ce traitement ne résulte « pas, non plus, des pièces du dossier ».
La Cour en conclut que l’État ivoirien n’a pas violé son droit à l’égalité devant la loi, protégé par l’article 2 de la Charte africaine, lu conjointement avec l’article 26 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Concernant la présomption d’innocence, Gbagbo dénonçait sa condamnation à 20 ans de prison par défaut, en 2017, alors qu’il était détenu à La Haye. Il affirmait avoir été considéré comme « irrémédiablement coupable » avant qu’une décision définitive ne soit rendue sur son éligibilité, évoquant notamment une déclaration du président de la CEI (Commission électorale indépendante) qualifiant sa condamnation d’« irrévocable ».
Mais la Cour a jugé que « la CEI s’est conformée aux dispositions légales applicables » et n’a pas violé le droit à la défense du requérant.
Quant à son inéligibilité, Gbagbo soutenait que le jugement à l’origine de sa radiation n’avait pas acquis force de chose jugée.
La Cour, elle, a relevé que « le juge électoral s’est fondé sur une condamnation pénale considérée comme définitive » et que les restrictions en découlant « s’inscrivent dans le cadre juridique applicable ». Elle a rejeté également les allégations de violation du droit de voter, d’être élu et d’accéder aux fonctions publiques, faute de preuves suffisantes.
La Cour a donc rejeté les demandes de réparation et décidé que « chaque Partie supporte ses propres frais de procédure ».
Dans l’affaire Guillaume Soro, la Cour a jugé sa requête « irrecevable », soulignant que l’ancien Premier ministre disposait encore de recours internes lorsqu’il a saisi la juridiction.
En septembre 2020, dans une décision provisoire, la CADHP avait pourtant ordonné la réintégration des deux hommes sur la liste électorale. Mais Abidjan avait retiré sa déclaration de compétence quelques mois plus tôt, affirmant que les décisions de la Cour « portaient atteinte à sa souveraineté ».
Malgré son acquittement par la Cour pénale internationale (CPI), Laurent Gbagbo reste sous le coup d’une condamnation ivoirienne. Guillaume Soro, en exil, a été condamné à 20 ans de prison en 2020 pour détournement de fonds publics, puis à la perpétuité pour atteinte à la sûreté de l’État.