Bénin – Côte d’Ivoire : deux scrutins, deux épreuves pour la démocratie ouest-africaine

À l’horizon 2025-2026, deux rendez-vous majeurs se dessinent en Afrique de l’Ouest : la présidentielle en Côte d’Ivoire et celle du Bénin. Deux scrutins distincts, deux contextes différents, mais une même interrogation traverse les esprits : la démocratie sortira-t-elle renforcée ou fragilisée de ces échéances électorales ?

Au Bénin, la désignation de Romuald Wadagni comme candidat de la mouvance au pouvoir témoigne d’un choix stratégique : allier continuité et modernité avec un profil technocratique. Mais cette désignation, aussi légitime qu’elle puisse paraître, n’a de sens que si elle s’inscrit dans une compétition électorale ouverte. Car le Bénin, longtemps perçu comme un pionnier démocratique depuis la Conférence nationale de 1990, a vu ces dernières années l’espace politique se rétrécir, les oppositions contestées ou marginalisées. L’enjeu est donc clair : prouver que l’alternance et le pluralisme restent possibles.

La Côte d’Ivoire, elle, aborde 2025 avec une mémoire encore vive de ses crises politiques. Ici, le problème n’est pas tant l’absence d’élections que leur nature souvent conflictuelle. Les figures historiques, omniprésentes, continuent de dominer le jeu politique, au détriment d’un véritable renouvellement des élites. Le risque est grand que le scrutin se transforme en confrontation de personnes, plutôt qu’en compétition d’idées et de programmes.

Si l’on compare les deux trajectoires, une différence se dessine : au Bénin, le danger est celui d’une démocratie qui se vide de sa substance par manque de pluralisme ; en Côte d’Ivoire, c’est l’excès de rivalités et de méfiances qui menace la cohésion nationale. Pourtant, dans les deux cas, la clé reste la même : garantir des institutions électorales crédibles et inclusives.

Dans une sous-région où des pays comme le Mali, le Niger ou le Burkina Faso ont décidé de la suspension des processus démocratiques, le Bénin et la Côte d’Ivoire ont une responsabilité particulière. Ils doivent prouver que le suffrage universel reste une valeur vivante en Afrique de l’Ouest et que la démocratie n’est pas un luxe mais une nécessité.

Les scrutins qui viennent ne sont pas de simples formalités constitutionnelles : ce sont des tests grandeur nature. S’ils réussissent, ils pourront redonner confiance à des populations ouest-africaines souvent désabusées par les promesses trahies. S’ils échouent, ils alimenteront le discours de ceux qui, déjà, vantent les vertus de l’autoritarisme ou d’un messie imaginaire.

L’histoire retiendra que 2025-2026 aura été une bifurcation. Aux Ivoiriens et aux Béninois de choisir si leurs urnes deviendront un instrument d’espérance ou un miroir brisé de leurs illusions démocratiques.

Espoir info

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