Le 25 novembre 2025, au Tribunal de grande instance de Banfora, un couple a comparu pour répondre des faits de coups et blessures volontaires pour la femme, Fatimata (nom d’emprunt), sur sa coépouse Aïcha (nom d’emprunt) et de non-assistance à personne en danger pour le mari, Seydou (nom d’emprunt), qui ne s’est pas soucié de l’état de sa femme blessée.
Les faits se sont déroulés dans la nuit du 28 mai 2025 à Tangora, village rattaché à la commune de Banfora.
Les faits selon la prévenue
Appelée à la barre, Fatimata, mère de trois enfants, reconnaît sans détour les faits qui lui sont reprochés.
Interrogée sur le déroulement des événements, elle explique qu’au cours de cette fameuse nuit, alors qu’elle conversait avec ses enfants, Aïcha l’a “torchée” avec une lampe en lui demandant avec qui elle parlait. Fatimata dit lui avoir répondu qu’elle parlait à ses enfants. Aïcha aurait répliqué que ce n’était pas vrai.
Selon Fatimata, sa coépouse l’insultait depuis sa maison et lui aurait lancé : « Si tu m’insultes encore, tu vas voir ».
Aïcha serait ensuite sortie pour continuer les injures, auxquelles Fatimata a répondu. Une altercation physique s’est engagée : Aïcha lui aurait porté un coup, auquel Fatimata a riposté. Les deux femmes se sont battues jusqu’à ce que Fatimata parvienne à la terrasser et lui asséner plusieurs coups de poing au visage.
Elle affirme que lorsque sa coépouse lui a demandé d’arrêter, elle l’a laissée. Aïcha lui aurait alors dit qu’elle resterait au sol jusqu’au retour de leur mari pour qu’il constate la scène.
Brandissant une photo des blessures, le juge demande à Fatimata avec quoi elle a frappé sa coépouse. Elle affirme : « Avec la main ».
Le mari : une indifférence totale
Seydou, cultivateur à Tangora, devait répondre des faits de non-assistance à personne en danger. Il lui est reproché de n’avoir ni assisté sa femme blessée ni cherché de l’aide pour lui prodiguer des soins.
À la barre, il reconnaît les faits. Il explique qu’il n’était pas à la maison lors de la bagarre car il se trouvait à Banfora pour des funérailles.
À son retour, il dit avoir trouvé Aïcha couchée sur un sac, mais ne pas s’être inquiété.
Il avoue :
— « Je me suis juste lavé, j’ai mangé et je suis allé me coucher ».
Le lendemain, Aïcha est partie à l’hôpital accompagnée de son fils. Ce n’est qu’à son retour que Seydou a demandé la raison de ce déplacement. Il reconnaît n’être jamais allé la voir à l’hôpital et avoue ignorer combien de jours elle y est restée.
Le procureur souligne les incohérences du mari entre ses déclarations à l’audience et celles faites au parquet.
Dans son audition, Seydou déclarait notamment :
— « À mon retour, je l’ai trouvée couchée à même le sol mais je n’ai rien vu d’anormal. »
Puis ailleurs :
— « J’ai vu qu’elle était blessée mais je ne lui ai pas adressé la parole. »
La version de la victime
Entendue à son tour, Aïcha affirme que Fatimata l’a blessée avec un pilon. Elle dit avoir reçu des coups au dos, aux jambes et aux pieds, puis avoir été tirée par les mèches.
Elle explique avoir saigné et être restée couchée au sol jusqu’au retour de son mari.
Selon elle, Seydou a demandé à Fatimata de lui servir le repas, qu’il a mangé avant d’aller se coucher, la laissant dehors, blessée.
Elle dit avoir été secourue par un voisin et ses enfants, qui l’ont aidée à passer la nuit à l’intérieur puis à monter sur la moto le lendemain pour aller à l’hôpital. Tout cela, sans que son mari ne dise un mot.
Elle se constitue partie civile et réclame 251 126 F CFA, correspondant aux frais médicaux et aux dégâts matériels.
Les réquisitions
Le procureur demande :
– Pour Fatimata : culpabilité pour coups et blessures volontaires + 2 mois de prison et 250 000 F CFA d’amende, le tout assorti du sursis, en raison de son statut de délinquante primaire et parce qu’elle a un bébé.
– Pour Seydou : culpabilité pour non-assistance + 3 mois fermes et 250 000 F CFA d’amende, assortis du sursis.
Le verdict
Le tribunal a :
– Déclaré Fatimata coupable et l’a condamnée à 3 mois de prison et 250 000 F CFA d’amende, avec sursis.
– Déclaré Seydou coupable et l’a condamné à 24 mois de prison, dont 6 mois fermes, et 250 000 F CFA d’amende avec sursis.
– Reçu la constitution de partie civile d’Aïcha et l’a jugée fondée.
– Condamné solidairement Fatimata et Seydou à payer 251 126 F CFA de dommages et intérêts.
Source : Wangola Médias
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