Georgi Minoungou: « La CAN, un rêve d’enfant devenu mission nationale »

  • Révélé lors de la Coupe du Monde des Clubs avec le Seattle Sounders, le jeune Burkinabè s’est imposé comme l’un des visages de la nouvelle génération des Étalons
  • -À 23 ans, il s’apprête à disputer sa première TotalEnergies CAF Coupe d’Afrique des Nations, porté par une foi inébranlable et une résilience forgée dans l’adversité
  • -Entre reconnaissance internationale et attachement profond à sa patrie, Georgi Minoungou veut écrire une page inspirante de l’histoire du football burkinabè

Il a été le visage de l’intersaison. À 23 ans, Georgi Minoungou a connu une ascension fulgurante, révélée au grand jour lors de la Coupe du Monde des Clubs avec le Seattle Sounders. Face à des stars comme Achraf Hakimi ou Nuno Mendes, il n’a pas tremblé. Mieux : il a brillé, éveillant la curiosité du continent et la fierté d’un pays. « Après cette compétition, il y a eu un déclic », confie-t-il à CAFonline.com. « J’ai goûté au très haut niveau et j’ai compris ce qu’il fallait pour y rester. »

Cette réussite sur le terrain est d’autant plus remarquable qu’il a dû surmonter une épreuve personnelle majeure : une grave infection à l’œil en 2023 a affecté sa vision. Pourtant, loin de le freiner, cette épreuve a renforcé sa détermination et fait de lui un symbole de persévérance et de réussite silencieuse.

Quelques semaines après sa révélation internationale, le sélectionneur Brama Traoré lui a offert sa première convocation en équipe nationale. Le vestiaire l’a accueilli comme un petit frère. Bertrand Traoré l’a taquiné : « Georgi, on a vu tes vidéos, tu as été impressionnant face à Messi ! » Un clin d’œil qui a témoigné de la reconnaissance de ses pairs.

Aujourd’hui, Minoungou s’apprête à vivre un nouveau chapitre : sa première Coupe d’Afrique des Nations. Confiant, souriant et déterminé, il promet de tout donner pour le drapeau dans un groupe relevé avec l’Algérie, le Soudan et la Guinée équatoriale. « Jouer pour le Burkina, c’est défendre la patrie », dit-il simplement. Avant d’ajouter, rêveur : « Et pourquoi pas remporter la CAN ? »

CAFonline.com : Est-ce que vous diriez que dans votre carrière jusqu’à présent, il y a eu un avant et un après Coupe du Monde des Clubs que vous avez disputée avec le Seattle Sounders ?

Georgi Minoungou : Je pense qu’avant la Coupe du Monde des Clubs, j’étais beaucoup préparé. Parce que je savais que c’était un événement où j’allais acquérir beaucoup d’expérience et apprendre aussi de joueurs très expérimentés. Et je pense qu’après cette Coupe du Monde des Clubs, il y a eu un déclic. Le fait de m’être frotté à des joueurs internationaux de grand calibre, comme Nuno Mendes ou Achraf Hakimi, m’a permis de goûter au très haut niveau. Cela a créé un déclic en moi et a amélioré mon jeu. Aujourd’hui, avec l’expérience de cette compétition, je sais à quoi m’attendre lors des grands matchs et comment m’y préparer.

Cette Coupe du Monde des Clubs a eu lieu en juin-juillet, et dès août, vous obteniez votre première sélection avec le Burkina Faso. Tout s’est enchaîné très vite. Comment avez-vous vécu cette période ?

C’était une période incroyable. En équipe nationale, il y avait déjà des échos, le public me réclamait. Les dirigeants parlaient aussi avec ma famille. Le moment n’était simplement pas encore venu. Et puis, par la grâce de Dieu, tout s’est accéléré après la Coupe du Monde des Clubs.

Cette compétition m’a révélé, parce que la MLS n’est pas toujours suivie, les matchs ayant souvent lieu tard dans la nuit. Mais avec la Coupe du Monde des Clubs, tout le monde a pu regarder. Le monde entier a découvert mon jeu, et cela a incité la fédération à accélérer le dossier, surtout que j’étais également éligible pour jouer avec la Côte d’Ivoire.

Comment s’est passé votre accueil en sélection, notamment avec les cadres comme Edmond Tapsoba, Issoufou Dayo ou Bertrand Traoré ?

Franchement, très bien. Le grand frère Bertrand, comme je l’appelle, est quelqu’un d’humain et de très dévoué pour la patrie. Dès qu’il m’a vu, il a dit en plaisantant : « Georgi, on a vu tes vidéos, tu as été impressionnant face à Messi ! » (ndlr: Seattle a battu l’Inter Miami 3-0 en Leagues Cup). On a bien rigolé.

Edmond aussi me connaissait, il avait entendu parler de moi. Il m’a dit : “On a besoin de joueurs comme toi pour aider la nation et atteindre nos objectifs.”
Même le grand frère Dayo a été bienveillant. Tout le monde m’a mis directement dans le bain. Ils m’ont fait sentir aimé, intégré, et je leur dis merci.

Quelle est votre relation avec le sélectionneur Brama Traoré ?

C’est notre papa ! Tout le monde l’appelle ainsi. C’est quelqu’un de très expérimenté, qui a beaucoup appris auprès de grands entraîneurs. Il aime parfois me taquiner, il m’appelle “l’Américain”. Mais on a une très bonne relation, respectueuse et saine.

Le mois prochain vous allez vivre votre première TotalEnergies CAF Coupe d’Afrique des Nations. Qu’éprouvez-vous à cette idée ?

C’est un rêve d’enfant qui va devenir réalité. Je marche toujours avec des objectifs et je les atteins un à un. Si Dieu me garde en bonne santé et que je dispute ma première CAN, ce sera exceptionnel. Quand j’étais petit, je regardais les grands frères jouer à la télévision. Aujourd’hui, porter les couleurs du Burkina, c’est un honneur. Je donnerai tout, comme toujours, pour défendre la patrie. Et pourquoi pas aller jusqu’au bout, et remporter la CAN ?

Avant cette compétition, sur quoi travaillez-vous particulièrement pour progresser ?

Comme tout attaquant, il faut marquer plus de buts pour aider l’équipe à gagner. Je travaille pour être plus décisif, plus efficace. Je suis un joueur de un contre un, je crée beaucoup d’occasions, mais je veux ajouter plus de passes décisives et de réalisme devant le but.
Et que je sois sur le terrain ou sur le banc, je donne toujours 100 % pour l’équipe.

Le Burkina Faso est dans le Groupe E avec l’Algérie, le Soudan et la Guinée équatoriale. Quel regard portez-vous sur cette poule ?

C’est un groupe relevé, mais équilibré. On connaît tous l’Algérie, ses joueurs talentueux, et le Soudan aussi est une équipe combative. Mais nous, nous avons confiance en nos qualités : Bertrand Traoré, Dango Ouattara, Hervé Koffi, Arsène Kouassi, André Kaboré… Et Lassina Traoré, qui revient.

Nous avons du talent dans cette équipe du Burkina. Nous n’avons pas peur. Je crois qu’on peut sortir de notre groupe et créer la surprise.

Quelle trace aimeriez-vous laisser dans l’histoire du football burkinabè ?

Je veux être un exemple de persévérance. J’ai connu des hauts et des bas, mais je n’ai jamais abandonné. J’aimerais que les jeunes retiennent qu’il n’y a pas de limites quand on croit en soi. J’ai eu des problèmes à l’œil, qui auraient pu m’empêcher de jouer, mais je me suis battu. (ndlr : En 2023, il a souffert d’une grave infection oculaire, et l’opération qui en a résulté l’a rendu pratiquement aveugle de l’œil gauche). J’ai remporté la Leagues Cup contre Lionel Messi, j’ai disputé la Coupe du Monde des Clubs… Et pourtant, beaucoup doutaient de moi.

Aujourd’hui, je veux montrer que tout est possible. À travers la Coupe d’Afrique des Nations, je veux inspirer les jeunes du Burkina Faso et d’ailleurs à ne jamais renoncer.

Enfin, quel titre aimeriez-vous lire dans les journaux à la fin de la prochaine CAN ?
Le Burkina Faso remporte la CAN.

Source: CAF

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