Récit d’un procès : Escroquerie, traite, séquestration, le business macabre derrière QNET

Le 8 juillet 2025, le Tribunal de grande instance Ouaga I a ouvert le procès de neuf ressortissants burkinabè, poursuivis dans une vaste affaire d’escroquerie, de traite de personnes, de séquestration et d’extorsion de fonds, sur fond de commerce pyramidal en ligne, couramment appelé QNET.

Cette affaire a été révélée à la suite d’une opération spéciale de lutte contre la traite des personnes, menée conjointement par le Bureau central national d’INTERPOL et la police ghanéenne. Après des confrontations et quelques aveux partiels, le président du tribunal a mis l’affaire en délibéré. Le verdict est attendu pour le 15 juillet 2025.

Des victimes trompées par de fausses promesses

Selon les témoignages à la barre, les prévenus faisaient de fausses promesses aux victimes, notamment l’obtention de visas pour l’Europe, des recrutements dans des clubs sportifs ou encore des contrats dans les mines. Certaines victimes affirment avoir passé des entretiens, d’autres racontent avoir été contactées par téléphone, puis avoir échangé via WhatsApp, recevant notamment des vidéos envoyées par les prévenus.

Une fois au Ghana, les victimes étaient dépouillées de leurs téléphones, qui leur étaient rendus à des heures précises uniquement pour appâter de futures victimes, puis logées dans des conditions précaires, enfermées dans une cour, privées de liberté et parfois de nourriture. « Si on mangeait aujourd’hui à 23h, c’est le lendemain à 23h qu’on remangeait », a témoigné une victime.

Les montants versés par les victimes varient de 100 000 F CFA à plus de 3,8 millions F CFA. Certaines d’entre elles ont séjourné plus de six mois au Ghana, sans possibilité de retour ni compensation. Plusieurs ont affirmé que les prévenus avaient personnellement perçu les fonds, et que certains avaient même recruté leurs propres proches dans le système.

Des réquisitions fermes du ministère public

Le procureur du Faso a insisté sur la gravité des faits, soulignant que « faire sortir des gens vers un pays inconnu et les traiter de façon inhumaine porte atteinte à leur dignité et à l’image du pays ».

Il a requis des peines allant de 24 à 48 mois de prison ferme et des amendes de 500 000 à 1 000 000 F CFA, réparties ainsi :

  • Deux prévenues (femmes) : 24 mois de prison ferme et 500 000 F CFA d’amende avec sursis ;
  • Le prévenu C.A.B : 24 mois de prison ferme et 500 000 F CFA avec sursis ;
  • Le prévenu I.S (présenté comme « mentor ») : 48 mois de prison ferme et 1 000 000 F CFA d’amende le tout ferme, malgré l’absence de preuves directes de réception de fonds ;
  • Cinq autres prévenus : 36 mois de prison ferme et 500 000 F CFA d’amende le tout ferme.

La défense plaide la clémence

Les avocats de la défense ont soulevé l’absence de preuves matérielles contre certains prévenus. Celui de I.S a déploré l’absence d’analyses sur les transferts via Orange Money, soulignant que seules des déclarations de co-prévenus ont été retenues contre lui. « Si vous doutez de sa participation, relaxez-le au bénéfice du doute », a-t-il plaidé, en demandant au tribunal de faire application de l’article 615-1 du code de procédure pénale, permettant une peine assortie de sursis.

Un autre avocat, représentant quatre prévenus, a affirmé que ses clients avaient eux-mêmes été piégés dans le système QNET avant de recruter d’autres, et a plaidé pour des peines entièrement assorties de sursis.

Verdict attendu le 15 juillet

Après une audience marquée par de vives confrontations et des aveux partiels, l’affaire a été mise en délibéré. Le tribunal rendra son verdict le 15 juillet 2025.

Source : latribunedufaso.net

Espoir Info

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